Le fantôme Auteur: Arthur Milchior et Ludovic Patey A arrive en costume de fantôme avec deux gants blanc à la main gauche, et un à la droite, B lui tourne le dos, il a un gant blanc dans sa poche revolver. A- Bouh, (B se retourne pour voir le fantôme) Je suis un fantôme. B- Vous mentez. A- Euh, "vous mentez" dans le sens "vous me hantez" ou "vous mentez" ? B commence à répondre et A l'interrompt A- Parce que si je vous hante, je ne vous mens pas, tandis que si je vous mens, je peux quand même vous hanter. B- Oulah. Je ne sais pas si vous êtes un fantôme, mais au moins vous êtes un esprit (A est fier), et un esprit tordu (A est inquiet). A- Vous trouvez ? B- Non, je ne trouve pas (regarder derrière A). Et ce n'est pas faute d'avoir cherché. (Très impératif) Arrêtez de tout me cacher. A- Comment ça je vous cache des choses ? (Coquet) Je joue la transparence totale. B- Eh bien c'est raté, parce que je vous vois. A- (Hautain) C'est normal. Vous n'allez pas me tutoyer tout de même. Un peu de respectre. Nous ne sommes pas du même monde. B- C'est ça, vous êtes de l'autre monde. Vous en avez beaucoup des comme ça ? A- Très peu: c'est un milieu très select. Des gens ont passé toute leur vie à essayer d'y entrer. (Tragique) Et ils en sont mort. B- C'est triste ! A- Non, puisqu'ils ont réussi. Vous verrez, vous aussi, vous finirez par y venir. B- Ah, ça non. Moi vivant, je ne laisserai personne me traiter de fantôme. A- Bon, bien, puisque c'est comme ça je m'en vais. A s'en va de la scène, retire en douce son gant droit, il laisse sa main caché dans la manche B- Non mais ! Bon débarras ! ... Un fantôme... et puis quoi encore ? ... Déjà avant, je ne le trouvais pas net, mais maintenant, il est devenu complètement flou. A revient sur scène avec les bras en forme de T, en faisant des pas exagérés et arrive dans le dos de B A- Bouh ! B- Quoi encore ? A- Je suis un revenant ! Je reviens hanter. J'en ai l'air ? B- Arrêtez avec ça, de nos jours, personne ne croit aux revenants ! A- Si. Par exemple, ma soeur y croit. B- Ah je ne savais pas que vous aviez une soeur. A- Je n'en ai pas. B- Mais alors comment votre soeur peut-elle croire aux revenants ? A- Elle est très crédule. Tenez (En pointant B du doigt) B- (En attrapant un doigt du gant gauche de A de A) Je le tiens. A- L'autre jour, elle se plaignait de son fiancé. B- Elle a un fiancé ? A- Non, mais elle le croit, justement. B- Je la plains. A- Attendez, le pire, c'est qu'ils s'étaient donnés rendez-vous; eh bien son fiancé y est allé et lui a posé un lapin. En parlant, A. Retire sa main, un gant reste dans la main de B, et l'on voit un gant sous le gant retiré. B- Aïe, c'est méchant, ça, le coup du lapin. A réalise qu'il lui manque un gant à l'autre main, et récupère celui que tient B pour l'enfiler. B- Mais comment le fiancé a-t-il pu y aller ? A- Probablement en voiture. B- Non, je veux dire... Je croyais qu'elle n'avait pas de fiancé. A- Oui, mais ce n'est pas grave puisque je n'ai pas non plus de soeur. B- C'est juste. Et le lapin, d'où le sortait-il ? En parlant, B. Récupère discrétement le gant qu'il a en poche. A- De son chapeau. En parlant, A retire son gant gauche en dehors de la vue du public. B- Ah, c'est un magicien ? On voit le gant apparu dans la main de B. A. réalise qu'il n'a plus de gant à la main gauche et récupère de nouveau son gant. A- Non, un cleptomane. B- Bref, votre soeur s'est retrouvée avec un lapin. A- Oui, et elle ne sait pas quoi en faire B- Eh bien, qu'elle le cuisine A- Elle a essayé, mais il n'a rien avoué. Le lapin est resté muet comme une carpe. B- Ah classique... un trouble de l'identité A- C'est ça. Et pour faire plaisir à la carpe, elle l'a mise dans un bocal. B- Et alors ? A- Et alors, le lapin s'est noyé. Je pense que le lapin n'est pas un mammifère marin. B- Et qu'est-ce que c'est d'après vous ? A- Cela doit être un mammifère volant. B- Euh, qu'est-ce qui vous fait dire ça ? A- Vous connaissez l'expression "honnête comme un lapin ?" B- Non, jamais entendu. A- C'est bien la preuve que les lapins volent. J'aurais dû le mettre dans un bical ! B- Qu'est-ce qu'un bical ? A- Un bocal où l'on a changé l'o (eau) en i (nid). B- Mais pourquoi mettre un nid ? A- Tous les animeaux qui volent ont un nid. Par exemple, le pinson, le pigeon ou le lapin. B- Et les singes alors ? A- Ils ne font ça que pour se rendre intéressant ! B- Bon, admettons que vous ayez raison... A- Je n'ai aucun mal à l'admettre B- ... comment vole-t'il ? Un lapin n'a pas d'ailes. A- Bien sûr que si, sinon on dirait un "apin". B- Pour un revenant, vous avez de la repartie. Mais de toute façon, les mammifères volant n'existent pas. A- Ah bon? B- Un mammifère allaite. Comment voulez vous allaiter en volant ? A- On fait bien du ravitaillement en vol. Selon vous, si le lapin n'est pas un mammifère volant, qu'est-ce que c'est ? B- C'est un ovipare. A- Vraiment ? B- Je vous explique. Vous avez déjà vu un chaud lapin ? A- Quel est le rapport ? B- Eh bien ils provoquent des incendies lors de la ponte ! A- Quand le lapin pond ? B- Voilà, le lapin pond, c'est une sirène ! Vous voyez bien que c'est un animal marin ! A- Je vous ai dit que le lapin s'était noyé. Vous êtes bouché ! B- Non, poissonier. Spécialiste en lapin ! A- Le jour où l'on verra des lapins à la poissonnerie, les poissons auront des dents. B- Ne soyez pas si incisif. C'est normal que vous ne voyiez pas de lapin au rayon poissonnerie. A- Pourquoi ? B- On les met à l'écart. Les chauds lapins font fondre la glace. A- Ah oui, logique ! B- D'ailleurs c'est un vrai fléau avec les lapins des neiges au Pôle Nord. A- Mais il n'y a pas de lapins sur la banquise. B- Si justement, des chercheurs en ont découvert en étudiant la fonte de la carotte glaciaire. A- Comment ça s'est passé ? B- Ils étaient partis prélever des carottes de glace au pôle Nord. A- Et alors ? B- Alors en voyant que les chercheurs partaient avec les carottes, ils ont été poursuivi par une meute de lapins des neiges furieux. A- Et ils s'en sont sorti ? B- Oui, sans problème. Les lapins les poursuivaient dans la mauvaise direction. A- Quels crétins, ces lapins. B- Toujours est-il que les chercheurs ont trouvé des nids de lapins, et en ont récupéré tous les oeufs. A- Mais qu'est-ce qu'on peut faire avec des oeufs de lapin des neiges ? B- Des oeufs en gelée ! A- Ah oui, bien sûr. Vous me donnerez la recette ? B- Oh, c'est simple. Vous voyez le coq au Bouygues ? A- Non. Qu'est-ce que c'est ? B- C'est comme le canard à l'orange, mais avec un forfait moins cher. J'aurais aussi pu dire le dindon au sfr, pour citer trois marques de volailles. A- Ah, parce que, comme l'Orange, le Bouygues, c'est un fruit ? B- Oui, c'est un fruit ! Au public: Il a tout compris A- Ah oui, je comprends, pour faire des oeufs en gelée, vous prenez la recette du canard à l'orange et vous remplacez le canard par des oeufs et les oranges par de la gelée. B- Comment ça, les oranges ? A- Oui, les oranges, dans la recette du canard à l'orange. B- Il y a des oranges dans votre recette ? A- Bien sûr. Vous le faites comment votre canard à l'orange ? B- Je prend un canard qui à la jaunisse et je lui donne un petit coup de rouge. A- La jaunisse ? Mais alors pour les oeufs en gelée, c'est quelle maladie ? B- Vous prenez en tout et pour tout 5 oeufs, et vous faites une quinte de tout. (* Fin courte *) A- Cela me rappelle la dernière recette que j'ai testée avant de mourir. B- Et c'était ? A- Une recette de poison pané. B- Qui vous l'avait offerte ? A- Mon héritier. Il a reçu tout ce que je possédais. B- Et de quoi a-t-il a hérité ? A- De la recette qu'il m'avait donnée. B- Et il l'a essayée ? A- Oui, et il en est mort. Son héritier a reçu tout ce qu'il possédait. B- Et de quoi a-t-il a hérité ? ... continuer en boucle, en marchant vers la sortie (* Fin de fin courte *) A- Mais alors si vous mettez une quinte de toux, les oeufs en gelée peuvent être contagieux ? B- Pire que ça. Une étude a été réalisée dans un restaurant. On a servi à tous les clients des oeufs en gelée. Et tous sont mort immédiatement après. A- C'est affreux ! Et comment expliquent-ils cela ? B- Ils n'expliquent rien du tout, ils sont morts. A- Je veux dire les scientifiques qui ont mené l'étude. B- Le bâtiment était vétuste, et le toit s'est effondré A- Ah oui, je me rappelle. Le fameux tremblement de terre de l'oeuf en gelée ! B- Ah, vous y étiez ? Il y a eu beaucoup de dégats ? A- Un bilan catastrophique. Des crèmes renversées, des pâtes brisées, des pain perdus... B- Des îles flottantes ? A- Vous n'avez vraiment rien compris ! Bref, un vrai désastre. L'Etat a même déclenché un plan d'aide financière pour réparer le toit. B- J'en étais sûr. Dès qu'ils ont une tuile, c'est nous qui payons l'ardoise. Mais... Comment savez-vous tout ça d'ailleurs ? A- J'ai travaillé dans la restauration B- Ah, ça tombe bien. Vous vous y connaissez en whisky ? A- Surtout les Bourbons. B- Et les vins ? A- Juste les Bourbons. B- Et vous servez bien quelque chose avec ? A- Non, je ne sers que des Bourbons. B- Mais enfin arrêtez avec ces Bourbons. Qu'est-ce qu'ils viennent faire là dedans ? A- (fièrement) Je les ai remis au goût du jour. B- Et vous avez réussi à faire tourner votre restaurant en ne servant que des Bourbons ? A- Je n'ai jamais tenu de restaurant. B- Mais alors qu'est-ce que vous faisiez dans la Restauration ? A- J'ai envoyé Napoléon sur l'île d'Elbe. B- Ah... Vous servez des Bourbons... Mais alors vous n'aimez pas les empereurs ? A- Non, un empereur doit être un roi en mieux, mais avec Napoléon, tout était empire. Un manchot aurait fait mieux. B- Un manchot empereur ? J'ai du mal à imaginer cela. Mais dites-moi, comment avez-vous envoyé Napoléon sur Elbe ? A- Dans une barque. B- Et son infanterie ? A- Dans la barque. B- Et l'artillerie ? A- Dans la barque. B- Et ses navires de guerre ? A- Dans la bar....sur l'eau. B- Même les cavaliers, dans la barques ? Ce n'était pas trop lourd ? A- Non, c'étaient des chevau-légers. B- J'ai quand même un peu de mal à vous croire. A- Bon, peut-être qu'avec le temps, l'histoire s'est un peu déformée. B- Mais j'y pense. La Restauration était en 1814. Ca ... Ca veut donc dire que vous êtes ... A- Oui, vous l'avez deviné. Je suis un monarchiste.